Week end à Železná : 17/18 mars 2012

L’hiver semblant vouloir nous lâcher un brin les boots, nous décidons de partir pour une courte sortie sur le week end : nous irons au village de Železná où un gite nous accepte, nous et nos chevaux, ce qui est loin bien loin d’être évident ici !

En effet pour cette première sortie de début de saison nous assurons un confort inusité, pas de bivouac sous la tente, non non, mais le luxe inconsidéré de vrais lits.
Et pour une grande première c’en est une : Bibi est de la partie en cheval de bât.

Afin de ne pas le brusquer et que la sortie soit un plaisir pour lui, nous avons adapté de grandes sacoches trouvées il y a quelque temps déjà, dans un surplus militaire, ce qui permet d’avoir un peu de volume, peu de poids et qu’on reste dans l’éducatif rigolo. Les sacoches sont simplement remplies avec nos 4 duvets d’hiver, la clôture électrique et la trousse de toilette, soit exactement 6kg5 par sacoche. Ca va, il ne va pas s’écrouler sous le poids de sa charge, le poilu !

Immense chance, le temps est juste inouïe, les températures tournant autour de 25° et sera ainsi TOUT le week end … On a même réussi à bronzer !
Pour ses 17 ans, un peu en avance, Vincent a eu un caméscope qu’il va étrenner, filmant à tout va, aidé par le pas bien linéaire et pas trop vif de Gros Lulu… !

Après le passage du petit pont en bois de Trebotov, nous abordons le test du Bibi-à-sacoche sur route, puis dans une vertigineuse descente après Roblin, le test à pied du Bibi-à-sacoche en descente, sans parler du test de la maniabilité et passage étroit et de la marche en main le long d’un ravin d’un côté et d’un fossé de l’autre. Tout se déroule on ne peut rêver mieux : Bibi et Pégous s’organisant à merveille, l’un derrière l’autre sans se gêner. Ces chevaux sont juste pâââârfait.

Après toutes ces « émotions » nous retrouvons la « civilisation » et traversons le village de Mořina, puis nous avançons tranquillement vers Velká Amerika (la grande Amérique ) où il est prévu de pique-niquer. C’est en fait un étonnant affaissement de terrain, plutôt impressionnant… Tout au fond là-bas en bas, se trouve un lac, pour l’heure encore complétement gelé.
Après un pique-nique plus que copieux et roboratif, car mémère a fait Bocuse tout le vendredi (faut arrêter de regarder top chef franchement !) qu’on se soit fait prendre en photo sous toutes les coutures par tous les Tchèques sortis se promener (nous ferons la une de « Fesse De Bouc de Cz » ce soir ! ) un petit café rapidement concocté sur notre fire profi, bien évidemment de l’aventure lui aussi, nous voici enfin repartis.

Les chevaux sont tout gaillards et seront juste parfait pour sortir de Velká Amerika par un sentier pédestre très étroit, parcouru par des familles entières de Tchèques venues à la campagne respirer « le bon air ». L’ennui avec les Tchèques, que ce soit en voiture, en vélo ou à pied, leur seul mode opératoire c’est à la dégonfle Sur un sentier où ne passe de front qu’une seule personne ils s’en fichent, ils foncent ! Tant pis si en face se trouvent 5 chevaux. Heureusement nous avons l’habitude de nous adapter aux coutumes locales… n’est-ce pas ! Et puis fonctionner à la dégonfle ça ne me dérange pas plus que ça !

Bref…

Passé notre Grande Amérique local, les chemins sont à nouveaux tranquilles et très agréables, le ciel d’un bleu qui pourrait faire concurrence à la Provence, mais si !
Au creux d’une jolie vallée nous traversons une zone de ruisselets-marécages dans lequel Pégous voit ses tongs se faire aspirer, heureusement qu’elles sont rouges, en fait… On les retrouve parfaitement dans la bouillasse !
Emportée par l’habitude je passe la difficulté montée avec le gros poilu en longe derrière. Pégous se fiche de ce genre de choses, Bibi pareil, les voilà donc qui sautent allégrement sauf que… Les sacoches sautent elles aussi. Euuuuh ce n’était pas prévu ça ! Enfin rien de grave, l’une des sacoches tombe comme un rat mort entre les pieds du Hobbit, qui se fige aussitôt. Braaave bête, c’est bien de compenser la bêtise de sa mémère.

On remet le tout et nous repartons sans plus de soucis, mais au prochain ruisseau tout bête, on passera en main… Ca vaudra mieux !
Bref le métier rentre et pour Bibi … Et pour mémère…

Nous traversons les gros bleds que sont Loděnice et Chrustenice avant d’aborder pour les derniers kilomètres, un looong plateau comme il y en a beaucoup en Bohême centrale. C’est lassant, surtout que circuler sur route en Cz ce n’est jamais bien agréable (rapport, entre autres, à leur conception dite de la dégonfle…) Ce jour-là d’ailleurs, alors que nous n’avions qu’à faire quelques centaines de mètres sur une petite route avant de retrouver des sentiers, nous avons failli nous faire aplatir par un bus, tous autant qu’on est.

Nous étions à pied afin de soulager les chevaux, et la route était sinueuse. Nous sommes passés à côté d’une zone de travaux, avec pelleteuse et tout le bataclan, lorsqu’au moment exact où le conducteur de la pelle verse son chargement de gravillons, un bus, genre énorme pullman pour touristes, se met en tête de nous doubler, le tout sans visibilité aucune. Quelle superbe idée n’est-ce pas… Il déboite juste derrière le cul de Blueberry la terrorisant du même coup, et semant la panique dans la queue de notre convoi équin. Finalement le bus n’a eu que le temps de piler avant de faire la une des journaux : un bus Tchèque ratatine tout une famille française !

Bref en voici un de chauffeur qui ne doublera plus de sitôt des chevaux, ça c’est fait.
Enfin une p’tite frayeur mais rien de plus.
Et puis ouf ça y est, nous parvenons au gite.
Alors pour une fois que nous allons en gîte, nous imaginions monts et merveilles, toutefois c’était sans compter sur le sens du mot « gîte » pour les Tchèques…

Nous avons grelotté toute la nuit dans une infâme chambrette, sans matelas pour ma part, directos sur le sommier (bah, dormir sur trop mou c’est mauvais pour le dos !) et heureusement que je n’avais écouté que mon instinct et emporté nos gros duvets d’hiver, malgré les affirmations du gars comme quoi les lits seraient faits… mais oui bien sûr !

Les chevaux seront stockés dans un bout de quoi … ? Parking terre battue ?… d’une centaine de mètres carrés, avec ô joie du foin jaunasse (payé 8€) comme repas. Gros Lu’ ne pouvant penser que c’est son dîner, croit que ce sont les toilettes et s’en sert de pissotière… Mouahahahhh

Le tout étant situé à côté de la route plutôt passante par laquelle nous sommes arrivés, j’ai plus que moyennement confiance, surtout que le gars à la nuit tombante s’organise un immense feu de joie juste en contre bas, et ma fois j’sais pas bien ce qu’il brûle mais ça pète bien, dans d’énormes gerbes d’escarbilles, ce qui maintient assez joyeusement le troupeau d’équidés.

Bref afin de sécuriser tout ce petit monde, je pose les entraves à Astor (le plus créatif de la bande des gais lurons) et tant pis il les gardera toute la nuit… Ce n’est certes pas le plus confortable pour lui (encore que il sait parfaitement se déplacer avec, voire même galoper ) mais au moins je suis certaine de retrouver toute la troupe au matin !
Enfin après une nuit où nous avons regretté notre tente, mais compensé par un p’tit dej’ digne de Lucullus (muffins chocolat-noisette, barres de céréales maison) nous préparons les Gros qui ont finalement passé une pas trop mauvaise nuit, et quittons les lieux sans regret.

Le temps est toujours juste magnifique et les chemins s’annoncent extras.

Après un bref intermède comment dire … Hum d’engueulade made in mémère à un Patrice, qui n’a pas équilibré les sacoches de bât comme il faut, malgré des consignes explicitées et articulées. On le voit sur les photos, ça tangue c’tte affaire… Nous remettons tout en bon ordre et repartons d’un meilleur pas. Booon Patrice ne fait pas non plus QUE des c****, il a entièrement refait l’hackamor d’Astor. Le vieux était merdique, il n’a donc gardé que les parties métalliques, et voilà avec quelques centimètres de cuir et de moumoutte , un hack’ tout neuf. Chouette d’être un peu adroit de ses mains.

Nous parcourons de looongs chemins bien rectilignes sur lesquels mémère et son convoi d’octopattes s’endort. Mais qui étrangement, stimulent le Gros Lu’ qui se retrouve en tête à trainer la petite troupe. C’est d’ailleurs sur ce chemin sans fin que nous croisons un collègue de Patrice, venu faire son footing ! le monde est petit.

Nous traversons Loděnice déjà parcouru la veille, bien que cette fois nous passons l’autoroute par un petit tunnel, ce qui est sans histoire pour les Gros qui ont vuet revu des hightway en Slovénie.

Enfin c’est la pause de midi, les Gros font une sieste bien méritée tandis que leurs humains se goinfrent. Qu’il fait bon de pique-niquer au soleil.
Après une bonne heure de pause et un bon café, nous voici repartis à nouveau en pleine forme, tant les uns que les autres.

Les chemins sont toujours et superbes et efficacement signalés, c’est que du bonheur.

Un nouveau ruisseau nous tend un piège, mais cette fois mémère assure et les Gros passeront tout sagement en main. Nous en profitons pour boire un coup, car purée, comme il fait chaud !

Et voilà encore quelques pas, quelques bois et champs à traverser, et nous serons à la maison…

Quel week end !