De Prague à Strasbourg : A nous l’Alsace, ses coteaux, ses taons et son Crémant

Le réveil après cette nuit de fiesta est un brin difficile et nous nous extirpons laborieusement de la tente à 5h30. Les Gros sont en forme, eux, malgré toute l’ambiance nocturne, et comme il fait déjà bien tiédasse nous nous hâtons autant que faire se peut et parvenons à partir vers 7h30.
La chaleur est déjà là et c’est une grosse journée peu marrante qui nous attend, puisqu’en effet nous devons profiter de ce dimanche, jour de moindre circulation, afin de franchir le Rhin. Pour ce faire nous devons traverser la plaine qui s’étend devant nous, crapahuter par-dessus les collines couvertes de vignobles, dégringoler de l’autre côté afin de parcourir la plaine qui s’étend jusqu’au fleuve. Fastoche : ce sera plat, couvert de maïs, de taons et on rôtira au soleil !
Mais pas le choix, si on veut aller en Alsace c’est par là tout droit. Afin de ne pas épuiser les chevaux dans les chemins agricoles, qui serpentent au travers des champs de maïs, nous optons pour la ligne droite de la nationale en empruntant la piste cyclable.
De bon matin nous découvrons nos premières maisons à colombages et apercevons posées dans des champs à picorer telles des poules géantes, nos premières cigognes : tiens ça sent l’Alsace tout ça !
La chaleur est suffocante, par chance nous trouvons régulièrement des fontaines afin d’abreuver nos courageuses montures, qui faisant fi des taons et du soleil, avancent imperturbablement. Pégous en tête de notre petite troupe, le regard vissé sur la lointaine ligne bleue des Vosges, nous entraine à un rythme tranquille et assuré jusqu’en France. Sans aucune sollicitation il enclenche le mode « marche active on » et sans plus se poser de question il nous emmènera le long des nationales et des pistes cyclables, nous fera traverser villages, champs de maïs bourdonnant de taons tout aussi transgéniques que les plantes qui les abritent, et enfin les ponts du Rhin où par chance il y a peu de circulation. Sincèrement ce passage du Rhin n’est pas un bon souvenir, rien n’est aménagé pour les cyclistes et autres usagers, et c’est plus que limite sécuritaire… Heureusement nos Gros avancent paisiblement, et si je crains quelque chose ce n’est pas de leur part, mais bien de celle des automobilistes parfois complétements inconscients… Danielle Weill qui nous a copieusement aidés pour notre tracé en Alsace, nous a conseillé de passer le Rhin à Marckolsheim car ce n’est certes pas l’idéal mais le moins pire.
Enfin tout ce passe néanmoins à merveille, et les jours suivants tirés par le tracé touristique de Danielle, nous traverserons une partie de la plaine d’Alsace, au milieu de stupéfiants villages si colorés et fleuris. Nous passerons au pied du château du Haut Koenigsbourg dont la silhouette rose se découpe, miroitante dans l’air brûlant. Nous traversons les vignobles tout tirés au cordeau et tous si uniformément et méticuleusement taillés, empruntant un instant le chemin de Compostelle, certes à l’envers. L’itinéraire prévu par Danielle est épatant, il prévoit même quelques passages avec un zest de dextérité afin de ne pas sombrer dans l’ennui. Nous traversons quantité de ces villages et bien que je prie afin que les Gros ne larguent pas de popo, plof au beau milieu de la route, je me régale à contempler toutes ces maisons resplendissantes. Comme en Allemagne, nous trouvons partout des fontaines où les Gros peuvent s’abreuver, et où nous pouvons les mouiller. Malgré la canicule (il fait plus de 36°) nous nous régalons de ces paysages doucement vallonnés et de ces chemins qui serpentent entre les vignobles.
Mais tout à une fin, nos 6 semaines d’aventure s’achèvent à présent, Bibi qui a vécu quelques temps au centre équestre de Wangen, la Ferme Kleinerlen, reconnait le chemin et dresse les oreilles, il n’y a pas de doute nous sommes arrivés…