De Prague à Strasbourg : Le Bade-Wurtemberg épisode 2

Où Blueberry apprend à faire l’idiote

Ce soir-là nous trouvons avec une rapidité déconcertante un superbe hébergement pour nos Gros. En effet nous passons devant une ferme, il n’est même pas 15 heures mais bah, nous avons bien marché, alors pourquoi ne pas tenter de demander ici, après tout ?
Ma foi, avec une spontanéité dont semble découler une évidence, l’agricultrice tout en joie par notre équipage, nous montre l’immensité des terres alentour en s’exclamant :
– Oh bin si c’est que ça, de l’herbe on a que ça ici ! Mettez-vous où vous voulez !
Voilà pas plus dur que ça !
Les Gros gambaderont dans une prairie de plusieurs hectares avec des voisines vaches toutes curieuses de ces nouveaux venus. L’une plus hardie que les autres ira même jusqu’à sauter la clôture afin d’aller les voir de plus près.
Nous serons invités à manger chez la voisine, conduits en ville pour faire 3 courses bref l’aventure survivaliste ça ne sera pas pour cette fois-ci.
Le lendemain nous nous levons un peu tôt, vers 5h30, en raison de la chaleur mieux vaut essayer de décoller pas trop tard. Nous en sommes à plier les affaires et faire chauffer le café, lorsque deux voitures d’attelage passent sur la petite route jouxtant la pâture de nos Gros, mettant ces derniers en joie. Ils foncent pour aller voir ces nouveaux copains, terrorisant un brin ceux-ci… Oups…
Nous courons rattraper nos affreux, mais là, tout soudain, Blueberry qui a semble-t-il appris à péter une clôture lors de l’épisode de leur fuite en Bavière, se jette comme une tarée sur la clôture ! Par contre la différence c’est que cette clôture-ci n’a rien à voir avec notre p’tit ruban, c’est une solide clôture en robuste fil de fer, copieusement alimentée par l’électricité. La Pétasse à Tâches est brutalement stoppée net, dans son élan vers la bêtise absolue (bien fait) et vexée, part à triple blinde dans la pâture, les 4 autres Gros derrière.
Mais bien sûr… Puisqu’ils veulent jouer au plus crétins, pourquoi pas ? Nous les relançons au galop sitôt que le rythme s’essouffle, puis proposons aux hongres de se laisser attraper, ce qu’ils font avec un vif soulagement. Ne reste que l’affreuse qu’on va faire courir encore un peu, toute seule pour la peine et qui en sera vexée comme tout. Bien fait.
Finalement avec tout ça nous parvenons à partir vers 8h30, pas si mal compte tenu de l’incident éducatif.
En fin de compte il ne fait pas trop chaud, et c’est bien agréable de marcher sans ruisseler sous un soleil écrasant. Les paysages sont joliment vallonnés et l’on peut voir une nette régression des champs de maïs, au profit de houblon et ces longues lianes étonnantes, d’arbres fruitiers croulants de fruits (pommes, poires, prunes) et même de plantations incroyables de… Sapins de Noël !
Lentement mais surement nous nous dirigeons vers les montagnes.
Nous longeons le lac de Illmensee, que nous n’apercevrons hélas que de loin : ce n’est pas encore aujourd’hui que nous ferons plouf plouf dans un lac ! Zut !
Ce soir-là nous trouvons avec tout autant de facilité que la veille, un coin où poser notre tente et nos Gros velus. L’endroit est complétement idéal : de l’herbe bien haute et à l’ombre pour les poilus, et une pelouse soigneusement tondue pour nous. Eh, la classe hein !
Au milieu de toute cette douceur, seule Blueberry fait un brin la gueule, elle est « punie » après sa séance « j’suis une folle » du matin. En effet, mémère (c’est moi) ayant un humour tout à fait modéré n’a absolument pas apprécié ses gambadages matinaux… Pour la peine, et par sécurité on lui pose les entraves, ce qu’elle apprécie plus que moyennement. Elle parvient néanmoins à brouter en se déplaçant comme une handicapée ce qui nous fait bien rire. Au petit matin, Crétine à Tâches est toujours vivante (qui l’eut cru) fatiguée par sa nuit et… La leçon a semble-t-il parfaitement portée, elle se conduira à la perfection et sera mignonne comme tout jusqu’à la fin du voyage.
Le départ par une aussi belle journée se fait comme un rien, et nous voici sur les routes avec un chouette tracé avec de bien jolis paysages. L’après-midi sera moins agréable que le matin, il fait très chaud, les taons gros comme des bombardiers B-52 nous harcèlent sans arrêt, c’est insupportable et Pégous se fait manger tout cru, peuchère !
Mais parce que le voyage est ainsi, c’est aussi ce soir-là que nous aurons notre plus mémorable soirée. Nous arrivons au flan devant une maison à côté de laquelle se trouve quelques paddock et demandons s’il serait possible, éventuellement d’avoir un coin pour nos velus pour la nuit, et là… Un homme jaillit et nous voici accueillis comme jamais ! Douche pour toute la troupe, lavage de nos affaires tapis de selle compris, les gros se retrouvent dans un paddock avec herbe, foin et grains quant à nous nous serons invités à manger, boire et dormir chez Matthias et sa famille, Matthias qui est maréchal ferrant nous fera passer une soirée incroyable à s’étouffer de rire et de bière